Sous ce titre d'article se trouve un débat qui a toujours animé les forums de jeux vidéo. Vous le savez, Terra Enigma est un blog dédié à ce type de jeu, et il est donc judicieux d'y consacrer un dossier. Les point n' click sont-ils des jeux vidéo ? Le joueur évolue-t'il ? Est-il trop souvent spectateur ? A défaut de répondre à ces questions, je vais essayer de m'étendre un peu plus sur le sujet.
Vous avez dit Point n'Click ?
Je pense que la majorité des gens présents sur ce forum connait la définition des jeux Point n' Click (signifiant "pointer et cliquer), mais pour les autres, sachez que ce type de jeu se joue la plupart du temps à la souris, et contient une succession d'énigmes et parfois de personnages non-jouables sensés guider le joueur vers le dénouement final. Une définition réductrice, mais qui permet de cerner la bête. A titre d'exemple, on peut citer Myst, ou The Curse Of Monkey Island. Je considère que des jeux tels que les derniers Sherlock Holmes ou encore Heavy Rain sont des jeux de type Point n' Click car ils en utilisent des mécanismes proches (absences de barres de vie, énigmes nombreuses, déroulement cinématographique etc...).
Apparu en 1980, ce type de jeu a connu son heure de gloire, notamment grâce à LucasArt qui démocratisa le pointer-et-cliquer sur les odinateurs personnels. Au début des années 2000, les jeux de ce type connurent une baisse de vitesse. Souvent salués pour leurs histoires recherchées (drôle ou non) ou leur côté onirique parfois, ils ne font pas le poids face à certaines grosses machines vidéoludiques qui "envahissent" le marché du jeu. Question de mode, question de temps.
Cependant, il existe encore et toujours de grands jeux de qualité, qui sortent parfois un petit peu dans l'anonymat. Certains iront même jusqu'à réinventer le Point n' Click, transformant le gameplay et s'adaptant, par exemple, aux manettes des consoles. Bien que perdant la définition même de ce type de jeu, ils n'en restent pas moins qu'ils en conservent l'essence brute. Le point n' click reprend des couleurs dans la deuxième moitié des années 2000, avec l'arrivée, entre autre, de Runaway.
Comment le joueur évolue-t'il ?
C'est bien là le "coeur" du problème. Contrairement à beaucoup de jeux, le joueur ne progresse pas dans sa manière de jouer. Je m'explique : dans de nombreux jeu, le joueur au fur et à mesure de sa progression devient de plus en plus fort en exploitant le gameplay du jeu. C'est à dire qu'il devient plus habile pour exploiter le jeu, soit de manière intrinsèque (maîtrise de mieux en mieux les mécanismes, comme dans un jeu de combat) soit de manière extrinsèque (le jeu lui fournit les additifs nécessaires à sa progression, comme dans Megaman par exemple). C'est souvent cette évolution qui permet au joueur de s'amuser, car il devient plus fort et est donc plus naturellement conscient de sa projection dans le jeu. Il s'amuse, montre qu'il maîtrise le jeu (online par exemple) et a la satisfaction d'évoluer.
Dans la majorité des Point n' Click, le personnage n'évolue pas dans le sens où il ne devient pas plus fort ou plus rapide. L'expérience ne vient pas de manière extrinsèque. Alors certes, on évolue également, en résolvant des énigmes ou en progressant à tâtons. Il est très difficile de vanter son "niveau de Point n' Click" car on y joue souvent seul et aucune statistique ne vient démontrer le niveau que l'on a atteint. L'évolution est beaucoup plus personnelle, car résoudre une énigme ne dépendra pas souvent de votre aptitude à déplacer votre curseur.
Dans ce cas, peut-on dire que l'amusement est moindre ? Une réponse absurde se profile : oui et non. Cela dépend grandement du joueur. Certains frissonnent en augmentant leur nombre de kills, d'autres en étant plus malin qu'une chèvre récalcitrante à grands coups de clics intelligents. Les deux sont louables, il ne s'agit pas d'émettre un jugement de valeur, mais d'accepter le goût du joueur.
Sommes-nous donc spectateurs ?
Comme je viens de l'expliquer plus haut, le joueur de point n' click n'est pas forcément spectateur. Il évolue également, de manière plus ténue, mais améliore son sens de la recherche et se familiarise avec le type d'enigme qui lui est proposé. Cependant, il est clair que l'aspect cinématographique du genre peut amener le joueur à assister aux événements sans les influencer.
Beaucoup de personnes reprochent au jeu Heavy Rain de n'être qu'un film interactif. Je suis d'accord, c'est un film interactif, mais c'est aussi un jeu. Les mécanismes de gameplay ne sont que prétextes à voir avancer l'histoire, et le joueur joue finalement peu. Spectateurs participants, voilà ce que nous sommes. Mais participants tout de même.
Des jeux plus anciens, permettaient au joueur de choisir son action parmi plusieurs proposées. Cette liberté pouvait mener à un blocage dans le jeu, car il fallait tirer le tableau plutôt que de le pousser, et ici le joueur n'est clairement pas spectateur. D'ailleurs, il convient d'ajouter que les jeux de ce type se permettent d'alterner les phases de jeu et les phases de non-jeu. Cette définition convient-elle seulement aux Point n'Click ? Et bien non, chers lecteurs. Metal Gear Solid en est le parfait exemple. Jeu d'action avec une évolution extrinsèque et intrinsèque, il n'en demeure pas moins que des cinématiques d'une demi-heure entrecoupent les phases de gameplay. Je vous laisse juger de la qualité des jeux de cette franchise, et décider ou non si nous sommes face à un "vrai" jeu vidéo.
Pour conclure :
Vous l'avez compris, il ne convient pas ici de faire l'apologie ou d'enfoncer les jeux dits "Point n'Click". A travers certains exemples qui me paraissent importants, je laisse le débat ouvert : Pour vous, mes Point n'Click sont-ils des jeux à part entière ?
N'oubliez pas que le plus important et de s'amuser, quelque soit votre type de jeu préféré !
A bientôt !